Le soleil dispense sa lumière
implacable. La chaleur se répand peu à peu à travers les vallées jurassiennes. Elle
se coule comme un voile enveloppant et lourd au dessus de la rivière. Celle-ci éclate
de rayons métalliques tandis que les pierres et les tufs se dévoilent progressivement
sous la caresse lumineuse. C’est le matin.

Une nouvelle journée à la pêche
c’est comme pénétrer un territoire vierge, encore inviolé. Les grosses truites
sont en poste et commencent déjà leur insatiable parcours formant de grands
cercles tranquilles dans le pool. Ces poissons sont sûrs d’eux et se
font respecter par leurs congénères.

Avec parfois à peine vingt centimètre d’eau
cristalline sur le dos, le pécheur en nymphe n’a pas droit à l’erreur… Et
pourtant, j’étais bien invisible, la nymphe posée au bon moment sur un discret
jet de soie. La truite fait non et se retire.

Je remettrai cela à l’arbalète. Posé
court, dérive inerte. Sans autre résultat qu’un grand moment de face à face
avec un merveilleux poisson de soixante centimètre à moins de trois mètres. Je
n’aurai pas d’autres occasion de renouveler mon offrande.

Je laisse ainsi le paysage à ce
beau poisson qui, de toute façon, ne l’aurait jamais quitté.

En voilà une plus petite mais
bien hargneuse. Une paraissant avoir mauvais caractère au vu du remue ménage qu’elle
produit, une qui n’aime pas le voisinage.

Je lui adresse une joli pheasant
de ma conception, c’est-à-dire pauvre mouche réalisée à partir d’un peu de fil
de cuivre et de faisan. Petit impact à dix mètres, dérive, la truite sort, s’approche,
reste immobile, pourtant je lève la canne, elle est au bout. C’est ma première
truite du soleil, belle et lumineuse. Elle file pourtant dans les tufs avec
toujours ce sinistre grincement du nylon contre l’obstacle…

J’aurai pourtant l’occasion de la remettre à l’eau après les présentations et un peu de patience en attendant qu’elle se décave.

Forcément, il y a de quoi voir et
entendre à la pêche. Lorsque l’eau si claire fusionne ainsi avec la lumière qu’elle
en disparaît. (Mais qu’est ce que je raconte ??)

La matinée avance. Il fait cette
fois véritablement chaud. Le pantalon de pêche est inutile comme les cuissardes
par ailleurs. L’eau de la rivière est à 14°, celle de l’air va bientôt
approcher 28°…

D’autres truites de taille moyenne sont vues,
approchées et parfois capturées avant d’être remise à l’eau (ouah t’es pas
délire comme gars Pierrick…)

En tout cas de pures truites Méditéranéennes, comme je les apprécie.

La journée s’est poursuivie paisiblement à la recherche des
belles des eaux calmes. Rencontre sur l’autre rive de Nico et deux joyeux
compagnons. Salut à vous ! J’ai amusé pas mal de poissons croisés
qui semblent, saison après saison, encore plus difficiles à leurrer. A moins
que cela ne soit affaire de circonstance.

Pour ceux qui ont suivis: j’ai fait mes quinze heures de pêche (malade celui là!) … et j’en redemande!!