La
truite était brune et nageait en surface. Je la voyais osciller, parfois, se
retourner. Parfois encore, je ne faisais plus que la deviner, ombre noire,
semblable à un morceau de bois battu par le courant. L’eau courait dur et
chutait. Des milliers de gouttelettes se déposaient et ruisselaient des aulnes
glutineux qui bordaient la rivière. Elle était là, depuis longtemps. Peut être
depuis toujours, Je ne sais et puis, qu’est ce que cela pourra-t-il changer ?
Elle était là, avec ce que cela pouvait amener de circonstances pour que je
fusse, là, moi aussi, en même temps qu’elle.
La
truite était brune et nageait en surface. Quelque chose se déridait dans le
temps lorsque je la voyais se dresser dans le courant pour happer un éphémère
fraîchement éclos. En effet, il en dansait beaucoup qui se levaient dans les
remous, les anses calmes, les minces filets d’eau courante et dérivaient, comme
de fragiles voiliers, secouées de tout bord, malmenés, jusqu’à ce que certains,
mués par une terrible envie de vivre, arrivaient à s’arracher de l’eau et
entreprenaient leur premier vol maladroit. Il en naissait et mourrait beaucoup.
Il
pleuvait, une pluie très fine qui se coulait dans mon dos. Il faisait bon.
L’eau
coulait vive à mes pieds. Les gouttelettes s’élevaient avec les insectes et les
arbres s’ébrouaient. Une grande truite brune nageait en surface, jusqu’à ce que
je ne la devine plus que sous la forme d’un morceau de bois battu par le courant.
Il avait fallu un million de chances pour que je sois là au moment qu’elle
avait choisie pour se nourrir et, j’y étais, cependant. Mais, après toutâ¦
Une
grande truite brune, c’était pourtant quelque chose. Il en a fallu, du temps,
pour que je la trouve, entre deux rochers, dans une grande veine de courant,
occupée à se nourrir. Peut être, était-ce cela, qu’elle attendait
justement : cette fine pluie qui pousserait les insectes à sortir et qui
me ferait frissonner mais, cela, elle ne le savait pas.
Non, ce n’était pas banal et, même si cela n’y changeait rien
d’en savoir davantage, j’était heureux de la voir, là, nager en surface et
prendre parfois, l’allure d’un vieux morceau de bois battu par le courant.
Je
m’étais coulé, très lentement, dans la rivière dont l’eau chutait maintenant
tout autour de moi. Des milliers de gouttelettes se déposaient et ruisselaient
dans mon dos et je ne savais plus si c’était la rivière qui me les envoyait ou
bien le ciel qui me les déposait. Je ne cherchais pas, non plus à le savoir car,
qu’est ce que cela pouvait changer ?
Désormais,
je ne l’apercevait plus… Je n’étais pas certain non plus, qu’elle se fut transformée, une fois
encore, en vieux morceau de bois battu par le courant et, cela était important
et pouvait changer beaucoup pour moi.
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comme tu rends bien tes sensations. Il est dommage que certains antitout ne puissent lire ton oeuvre
Félicitations
le veteran
julien
Salut Pierrick, j’en ai vu, moi, des belles truites brunes, en surface, au fond, entre deux eaux, mais moi, je suis sûr que c’était des morceaux de bois moussus…Je suis myope comme une taupe, ceci explique cela….Samedi, cela devarit être bon, j’ai lu que Pescator avait écumé la Bèze au streamer …
A bientôt et merci pour ce récit !!
Joli 🙂
Outch ca décoiffe, qu’est ce que c’était bon.
merci !
une grande truite brune est là et nage en surface …
Oh!! J’en peux plus… vivement samedi!
Change pas de fournisseur Pierrick, tu te tapes de trop gros délires. A force, on fini par en voir partout des truites.
Vivement que l’eau baisse non?