VILAIN!! non mais!

Je suis tout de même un drôle de type. Jugez plutôt :

Il y a un poisson que je rêverai de capturer à la mouche. Un
vrai poisson de sport. J’en rêve souvent. C’est un salmonidé. Un fort beau
poisson. Du genre à vous faire trembler le poignet lorsque, devant vous, enfin,
vous en apercevez un.

Oh pour lui uniquement, je ne traverserai pas l’Oural :
l’abondance nuit à la délectation. C’est comme si, à chaque sortie, j’accrochai
une bête de plus de cinquante sur la Rivière d’Ain. L’extraordinaire tuerait l’ordinaire.
Non, ce que j’aime, c’est l’ordinaire soit que, tout à coup, soudainement et même
si vous l’avez recherché, l’inhabituel
se propose. Là, c’est fabuleux. Ceci dit, dans notre monde ordinaire, j’aime
rechercher l’extraordinaire. Bon ! Je vais m’emmêler les pédales. Je vais
au but.

C’était il y a trois ans, je ne m’étais pas remis des récits
et des photographies de huchons d’un habitant de Lacki. Des poissons sublimes,
tous pris à la mouche et, pour une fois, quelqu’un qui les relâche. Conversations,
photographies qui passent entre les mains, sourires entendus et feu qui
crépite. Ah, il allait voir le français. On va le faire baver d’envie… De toute
façon, il faut vraiment connaître pour en attraper un. Cela ne se fait pas
comme ça… Oui, évidemment et c’est vrais.

Mais enfin, lorsque vous avez la rivière pour vous, que vous
regardez ses courants clairs s’étendre et rouler doucement, cela suscite bien
des phantasmes, non ?

C’est ainsi qu’après m’être bien amusé sur les truites et
les ombres, je retournais au petit « noclegi » et me munissais de ma
canne soie de 7. Changement de boite, nymphe en chevreuil sur hameçon type
saumon et bas de ligne en 18 centième. Je laisse mon gilet pour aller plus profondément
dans les courants. On allait voir ce que l’on allait voir !
Alors que je me préparai à racler les fonds avec ma big nymphe
en chevreuil, j’eu soudain un haut le cÅ“ur, du genre de celui que vous avez eu
quand votre maman préférée vous a déposé à l’école en chaussons, pas en pyjama,
mais en chaussons. Quoi ? Ca peut arriver non ? Enfin, je m’égare
encore.

Cette fois, ça ne rigolait plus. J’avais un huchon
magnifique devant moi : moins de dix mètres, légèrement sur le coté. Sa
position était tout à fait idéale. Comme je me suis aperçu que j’avais bien mes
chaussures de wading et pas mes chaussons (normal, j’étais allé à la pêche
comme un grand sans ma maman) je me suis calmé. Première présentation. Dérive
parfaite à la hauteur du vilain monsieur. Alors quoi ? Il n’en veut pas le
monsieur ! Tant pis, ce sera la prochaine, la seconde, non la troisième,
changement de mouche, la quatrième, rechangement de mouche, il est gros le
monsieur et très très vilain, la cinquième, je me pose avant de reprendre et
ainsi de suite. Il est toujours là. Salaud, putain de salaud!!!… Oups ! Pardon
je m’emporte. C’est d’ailleurs peut être ce qui a du m’arriver sur place comme
le monsieur n’en voulait pas… Le dernier posé fini comme une glissade sur l’eau,
un dragage parfaitement involontaire de la nymphe et vous devinez quoi ?
Non ? oui ? Bon, et bien c’est à ce moment là qu’il a bougé ce gros fainéant!
Enfin bouger… façon de dire. Tu parles d’un rush : direct sur la nymphe,
le museau grand ouvert. Et moi dans l’histoire ? J’ai du penser à ma maman
ou vérifier à cause des chaussons. Toujours est-il que j’ai retiré ma nymphe de
ce grand goujat. Aller zou, ferrage instantané, au moins un qui ne m’aura pas
de vitesse.

Il y en a qui ont les larmes du bonheur, pour moi, ce fut
celle du malheur ce jour là.

La dernière fois que l’inhabituel vient troubler ma vie
pépère, ce fut cet été. Je m’étais levé à six heures du mat, et tout guilleret
je pêchais les ombres qui, eux, levaient leur nez. Un vilain monsieur du genre
m’en choppa un de vitesse. Mon dix centième n’a pas aimé, moi non plus d’ailleurs…

C’était là je vous dit! Il était là je les vu quoi!!:

PS : Là sur la photo, c’est là que cela c’est passé. Je l’avais prise pour le souvenir… SNIFF…

2 commentaires.

  1. Ah je suis heureux de trouver un amateur de ce poisson mythique!!
    Quel souvenir… J’espère bien en voir un cette année…
    C’est curieux, j’ai remarqué que ce poisson était méprisé en France, soit par sa défense, soit parcequ’il serait un grand prédateur de salmonidés. Je ne suis évidemment pas daccord. C’est un poisson magnifique et respéctable au plus haut point, du fait de sa rareté aussi. De plus les rivières où ils sont présents ont en général des population de salmonidés à nous faire palir.
    J’en ai pris deux en sêche, mais des gentils petits poisson de 25 cm… Je m’étais longtemps demandé ce qu’étaient ces « truites » à la robe différente…

  2. Ce texte est superbe…
    Je ne connais pas un seul pêcheur qui ne se soit pas senti démuni à la vue d’un hucho hucho.
    Magnifique poisson qui, peut être plus que les autres salmonidés, mérite qu’on le gracie tant son métabolisme est lent.
    Pas plus tard que hier je lisais la principale revue de pêche autrichienne avec en photo un magnifique poisson de plus d’1m20 qui s’en est allé chez Hoffinger…
    Que de rêves !

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