4 – JE SUIS ACCROC…

Après plus de quinze années de pêche à la mouche, j’ai
commencé vers quinze ans, je m’émerveille toujours autant. J’avoue même être
complètement accroc. Ce n’est pas des journées comme celle d’hier qui atténueront
le phénomène :

Pour bien la commencer et malgré le froid du matin soit 3°
seulement, je décidais une petite promenade question d’aller à la rencontre des
« totoches » qui hantent ces eaux calmes.

C’est ici le royaume de la pêche à vue, des présentations
délicates, des déplacements feutrés. Je n’y ferai pourtant rien de bon. Les truites
sont encore peu en bordure et je manque l’opportunité d’intéresser un joli
poisson par mon hésitation sur le lestage de la nymphe : un coup trop léger,
celle-ci dérive trop haut, le second passage trop lesté. Je ne reverrai plus la
truite.

Autre conditions, autre lieu, mais dans la même matinée j’ouvrirai
les hostilités, toujours en nymphe à vue. La pêche commence à monter en moi et
se fondre en un insatiable sentiment d’exultation. Dieu que je suis bien dans cette nature!

Les grosses truites ne sont jamais là par hasard. Celle là m’aura
fait tourné en bourrique : quinze minutes d’approche pour atteindre le
seul endroit où je pourrai l’attaquer, soit une corniche qui la surplombe de
trois mètres. Ensuite un poisson qui se déplace sans arrêt sans circuit précis.
Lorsque, enfin l’occasion se présente il y a un tel reflet sur l’eau que je ne
perçois rien. C’est possible que le poisson a pris ma nymphe, en effet, il s’est
brusquement déplacé vers elle mais hélas je n’ai pu observer le moment crucial
et n’ai pas ferré…

Un peu plus loin changement de technique. Il est midi. Le
soleil brille. Pas un souffle de vent. Brachycentrus subnubilus a la bonne et
belle idée de voir jour. Les premiers gobages ne se feront pas attendre. J’exulte
mais perd par décroché deux truites dont un vrai joli poisson d’environ
quarante centimètres. Le coup est cassé.

Autre spot, nombreux gobages. Cela parait facile. Mais
curieusement pas de cul vert mais des petites olives. Hélas, je suis mal placé.
J’évolue à genoux et fouette en revers avec vent de face. En cherchant à mieux
me placer, j’oublie le courant puissant qui s’amplifie et pour la seconde fois
de la journée, je manque d’être aspiré par la rivière et panique lorsque je
vois le bouillon derrière. Le coup est cassé.

Ici, ce fut le festival. Alors que la lumière magnifiait les
fines gouttelettes projetées par ma soie, je capturai plusieurs truites
sublimes et zébrées de noir. Ce fut un moment de parfaite pêche à la mouche.
Une heure de grâce totale à m’en rendre malade pour les jours où je n’y serai
pas. Born to fish et fly only !!! Toujours !!

Avec tout ça, il est bientôt cinq heures. Je n’ai pas mangé
et suis à plusieurs bornes de la voiture. Je meure de faim et pas une baie, pas
une vache…

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Après avoir dévoré mon repas mais pas encore décidé à repartir, je remets ça un peu plus loin.

C’est dans un endroit un peu oublié que j’enfoncerai le clou de la journée avec cinq truites de vingt, vingt cinq centimètres, prises dans le même trou en nymphe. Je me fais mon petit film. Je ne suis plus en France, mais quelque part en Alaska, Laponie… L’endroit est terrible, sauvage, violent. C’est merveilleux. La pêche à la mouche est merveilleuse. J’en suis complètement et définitivement accroc.

A bientôt

9 commentaires.

  1. … il en reste encore.
    La première a toutefois quelques points rouge. Il se prend encore des poissons ponctués seulement de noir.
    Dans tout les cas, no kill intégral.

  2. Vous avez de bien belles truites par chez vous. Protégez les bien…

  3. toujours aussi agréable à lire et à suivre .à bientôt Pierrick

  4. Bonsoir Christophe,
    Je ne connais pas vers Wroclaw. Il parait qu’il y a de jolis paysages vallonés… Je ne serai donc pas d’un grand secour. Je connais par contre bien le San et quelques autres rivières mais qui sont toutes éloignées de Wroclaw. Fais moi signe si cela t’intéresse. Je te répondrai en MP. @+

  5. Après ces superbes photos de votre passion et ce texte qui l’accompagne, iln’y aqu’un mot : BRAVO !
    Je suis moi- même pêcheur à la mouche et après avoir stoppé quelques années, je reprends avec grand plaisir.Je ne garde jamais de poisson et cela m’arrive de ne pas en prendre, mais rien ne vaut une bonne journée au bord de l’eau. Je me rends souvent en Pologne pour voir ma belle famille et je souhaiterai connaître des coins proche de Wroclow pour pêcher l’ombre ou la truite en nymphe à vue. Connaissez-vous des coins pour la moi de Mai 2006 ?
    029

  6. Comme d’hab, bravo et merci pour ton récit, je rentre de la pêche….sur l’Ouche et hier sur la Bèze, pas si mal que ça, j’ai pris…l’air et quelques ombres par mégarde et une minuscule truite, je suis très content de mes sorties car j’étais bien au bord de l’eau, un bonheur intense, même si la saison n’est pas vraiment partie pour moi, je suis encore loin de tes aventures jurassiennes, mais heureux comme toi car…je pêche à la mouche et ça m’éclate, ça me lave la tête !!!
    à bientôt

  7. Ton récit est très beau et tes photos magnifiques, j’étais sur cette même rivière mais j’ai fait moins de poissons que toi bravo.

Commentaires clos.